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« C'est bon, on a un Plan d'urgence sobriété ! »


La Tour Eiffel et le château de Versailles sont éteints une heure plus tôt, France TV prépare un prime avec Léa Salamé sur le climat, projette de délocaliser son JT de 13h sur des lieux sinistrés par des catastrophes, le groupe TF1 noue un partenariat avec RTE, sans oublier Total qui entreprend la rénovation thermique de ses bâtiments… Ça bouge ! De son côté le gouvernement communique quasi quotidiennement ses bons plans sobriété : décaler le gratin, manger ses pâtes al dente, ne pas faire de machines à 18h… Citons également l’inauguration à Saint-Nazaire par Emmanuel Macron – mi Tom Cruise, mi OSS 117 – du premier parc éolien offshore et sa promesse d’accélérer leur déploiement – son objectif pour 2050 : en avoir autant qu’en Angleterre… aujourd’hui. Mais bon, il n’y a pas à dire, la prise de conscience est là et les actions suivent ! À la hauteur des enjeux. Vous nous voyez venir : tout ça est, bien entendu, ridicule. La sobriété telle qu’elle est imaginée par le gouvernement n’est qu’une forme d’austérité : injonctions pour faire des efforts chez soi d’un côté – Bruno Le Maire et son col roulé –, conséquences directes sur le quotidien des plus précaires de l’autre – inflation, fermeture des facs cet hiver, des dizaines de piscines publiques, des musées, des factures d’énergie qui explosent, des risques de coupures d’électricité et de gaz… Or la sobriété n’est pas un concept « cool mais un peu contraignant » qu'on activerait juste l’hiver, à coups de logos dans les JT et de petits gestes à la maison. Elle s’anticipe par la loi au niveau national : et si on baissait la vitesse sur autoroute, taxait les superprofits, sortait du modèle de la croissance infini ? Et par la concertation au niveau local : et si on baissait la température dans les bâtiments publics de la commune ? Sauf que, par idéologie et par refus d’écouter ce que disent les scientifiques depuis… 50 ans, nous nous retrouvons au pied du mur. C’est un poil facile, lorsqu’on refuse de changer le système, de donner des petits conseils tout mignons à quelques semaines d’une possible coupure généralisée, non ? Alors, trêve de teasing, à quoi ressemble la vraie sobriété ? Voici ce que RTE et l’Ademe préconisent : une hausse du nombre de personnes par ménage (de 2,3 en moyenne en 2050, contre 2,2 aujourd'hui) grâce aux pratiques de cohabitation ; une baisse de la température de chauffage d'au moins 1°C et de l'usage de l'eau chaude sanitaire de 30 % ; 50 % de télétravail ; moins 12 millions de voitures en 2050 ; une division par 3 de la consommation de viande ; une baisse de 50 % du trafic aérien… On est très loin des caricatures de ceux qui promettent le retour à l’âge de pierre, n’est-ce pas ? Aussi, ces mesures présentent une utilité majeure : elles montrent que la sobriété ne rime pas avec disparition, mais avec diminution. Si la recherche du plus de croissance et de consommation est pensée depuis des décennies, le « moins » a aussi ses schémas tout beaux tout prêts. Une seule question alors : qu’est-ce qu’on attend ?

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