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« L'écologie, c'est business-friendly »


Plus cyniques que les startupers qui s’en fichent, dites bonjour à celles et ceux qui sont persuadés que le climat va faire exploser la croissance de leur boîte – leurs primes et leurs dividendes avec. Celui qui nous inspire ce billet, c’est Christopher Guérin, CEO de Nexans, leader de la fabrication de câbles, et sa tribune… euh pardon son interview intitulée « c’est la sobriété qui nous fera surperformer économiquement » dans le média L’ADN. De quoi faire se retourner Pierre Rabhi dans sa tombe… et nous hérisser les poils !

Son grand mantra ? « Il faut qu’on cesse d’opposer croissance et profits aux enjeux du climat », avance-t-il, déplorant que « très peu d’experts travaillent dans cette optique » et que tout simplement « personne ne considère les deux ensemble ». Aurait-il été le seul à avoir cette idée du siècle ? En 2020, une équipe de scientifiques a analysé 179 articles à la recherche de ce fameux découplage entre croissance et impact environnemental. Leur conclusion : « le découplage repose en partie sur la foi ». Sûrement de quoi expliquer que Christopher Guérin et les autres apôtres de la croissance verte ne trouvent que « très peu d’experts »…

Sa réécriture de l’histoire ne s’arrête pas là. « Nous avons calculé qu’il existe sur les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance plus de 2 000 labels et 1 500 indicateurs », s’étonne-t-il. « Cela génère de la complexité sur de la complexité et crée finalement beaucoup de désengagement. ». Qu’à cela ne tienne ! Nexans a désormais son propre indicateur : l’E³. « Notre concept du E³ s’est donc établi en constatant ce qui fonctionnait déjà dans la pratique et qui était susceptible de donner les meilleurs résultats. » Imparable ! Pour Christophe Guérin – comme pour beaucoup d’autres – l’équation est tristement simple : pourquoi se plier aux normes quand on peut plier les normes ? Reste qu’il n’existe rien de tel. Cette stratégie soi-disant révolutionnaire se résume à une série de mesures d’optimisations (réduire le nombre de références produit, miser sur des clients moins nombreux mais plus quali, recycler une matière première indisponible pour cause de pénurie…) le tout porté par le contexte particulièrement porteur de l’électrification de l’industrie, et des partenariats avec des industries polluantes – dont Airbus. Christopher dira ce qu’il voudra : quels que soient les indicateurs appliqués, Nexans et sa « vertu », c’est 171 millions de TeqCO2 en 2021 – la France, c’est 332 millions en 2018, juste pour avoir une petite idée.

En bref, Nexans, comme tant d’autres multinationales, se réapproprie le langage des écolos en parlant de sobriété, prend des libertés avec la science, invente ses propres labels, fait du business avec des secteurs qui ne seront jamais dans les clous de l’Accord de Paris et enfin et surtout perpétue, en participant à électrifier le monde, une autre croyance : qu’un changement de technologie va nous sauver de la catastrophe. On ressort les chiffres de la quantité de charbon nécessaire à la production d'électricité ? Ça suffit pour cette semaine…

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