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« La France ne représente que 1 % des émissions ! »



C’est l'argument le plus répandu chez celles et ceux qui ne veulent pas agir. Il se résume en une phrase : « Arrêtez de nous enquiquiner avec votre écologie, la France, c’est que 1 % ! », parfois accompagné, pour les plus téméraires, d’un « occupez-vous de la Chine et des USA d’abord ! ». En fait… non. Vraiment désolés, mais on va quand même commencer par la France. Parce qu’il y a du taf.

Avant même d’entrer dans le détail, un éclaircissement - que les scientifiques ne cessent de rabâcher au passage – s’impose : tout le monde est concerné ! Chaque pourcent en moins est une énorme victoire dans la lutte contre la hausse des températures et aucune tentative de minimiser son impact n’est en réalité acceptable.

Mise au point faite, revenons au postulat : d’où vient ce 1 % ? Ce chiffre correspond à l’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre, qui comptabilise les émissions physiquement émises à l’intérieur du pays par les ménages (voitures et logements) et les activités économiques (consommation d’énergie fossile, procédés industriels et émissions de l’agriculture). À partir de ce calcul, la France a émis, en 2019, 436 Mt CO2e (millions de tonnes d'équivalent CO2), soit environ 1 % des 59 milliards de tonnes émis dans le monde cette même année.

Or, problème, ce beau calcul qui nous arrange bien fait l’impasse sur l’ensemble des émissions dites importées. Aux dernières nouvelles, nous ne vivons pas sur une île coupée du reste du monde et notre consommation est en très grande partie dépendante de productions étrangères. Ces émissions importées sont donc la partie immergée de l’iceberg… Votre interlocuteur/trice veut « s’occuper » de la Chine ? Rappelez-lui que si celle-ci émet ⅓ des émissions mondiales, c’est parce qu’elle reste l’usine du monde, et qu’elle produit probablement l’iPhone qu’il tient en main et les chaussures qu’il a aux pieds. Dans une société française qui a délocalisé ses industries les plus polluantes (mines, mode, sidérurgie…), qui importe 50 % de ses fruits et légumes, 70 % de son énergie finale et la plupart de ses biens de consommation, se contenter du premier calcul, le 1 %, est tout simplement hypocrite.

L’empreinte carbone, cette mesure, qui prend en compte l’inventaire national ainsi que les émissions importées, est bien plus appropriée pour se rendre compte des pressions exercées sur le climat. Et l’addition est salée pour les Français(e)s : 10 tonnes CO2e par an quand la moyenne mondiale est à 7 tonnes. Et pour respecter l’Accord de Paris (donc la loi française), il faudrait, vous commencez à le savoir, descendre à 2 tonnes. Le 1 % n’a, d’un coup, plus trop de sens.

Si votre interlocuteur/trice peste encore, sortez la carte de l’Histoire. Chaque pays détient en effet une responsabilité historique. On vous explique : le réchauffement actuel de +1°C par rapport à l’époque pré-industrielle est le fruit des émissions de l’ensemble des XIXe et XXe siècles, le CO2 restant dans l’atmosphère une centaine d’années. Et à ce petit jeu, la France est le 8e des pays plus gros émetteurs de l’Histoire. Une sacrée dette, n’est-ce pas, envers les régions du monde qui souffrent déjà des répercussions du réchauffement climatique.

On résume : 1) Notre empreinte carbone est parmi la plus élevée au monde et elle ne baisse pas. 2) Nos émissions passées font de notre pays un des principaux responsables du réchauffement actuel. Soyons fous, on ajoute un 3) Nous avons l’ensemble des connaissances, depuis des années, pour baisser drastiquement nos émissions, mais nous ne le faisons pas. L’« argument » des 1 %, fallacieux, vous le savez désormais, participe grandement à l’inaction… On espère que ce petit texte vous aidera à sortir le sabre !

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