Climax lance la toute première carte inventaire des opérations de militantisme écologiste dans les lieux d'art d'Europe et du monde. Une manière de reconnaître et d'interroger ce mouvement dans sa globalité, et de proposer un contre-discours face à celles et ceux qui regardent le doigt quand on leur montre le monde.
Tout a commencé par un buzz mondial : un jet de soupe à la tomate (de marque Campbell, ce n'est pas un hasard) sur Les Tournesols de Van Gogh ! Depuis, des dizaines d'interventions similaires ont été menées dans les musées européens, principalement en Allemagne.
Mais la plus ancienne opération de désobéissance pacifique sur une pièce de musée que nous avons relevée date du 29 mai 2022 : une tarte à la crème sur la Joconde, au Louvre, par un militant grimé qui se déplaçait en « faux » fauteuil roulant.
Le plus souvent, ces actions sont menées par des organisations de militants écologistes non-violents qui demandent notamment l’arrêt immédiat de tout nouveau projet pétrolier ou gazier. Just Stop Oil, Letzte Generation, Ultima Generazione… Plusieurs d’entre elles font partie du réseau A22, qui n’y va pas par quatre galeries :
« Nous ne sommes pas là pour sensibiliser, supplier ou divertir.
Nous sommes là pour forcer le changement requis pour que ce monde advienne.
(…) Nous sommes la Dernière Génération. Mais nous sommes aussi la Première.
Nous sommes partout. Nous arrivons. »
Pourquoi splashtivisme ?
Splashtivism : néologisme mêlant splash + activism
de l'anglais « to splash » (verb, /splæʃ/) : – to cause liquid to strike or fall on something in irregular drops – to show something in a very noticeable way
Pour militer, chacun ses armes. Quand certains bazardent des œufs pourris sur les yachts des milliardaires, d’autres s’infiltrent dans les musées pour barbouiller les œuvres d'art de glu et de purée. Il n’y a pas que le projectile qui change, mais le choix du ring. Et contrairement aux apparences, celui de ces activistes n’est ni muséal ni artistique ; il est médiatique. S’ils salissent l'art, c’est avant tout pour éclabousser la une des médias et des réseaux. On connaissait l’artivisme (activisme artistique), le slacktivisme (activisme paresseux), et même le fashtivisme (activisme fashion), voici le « splashtivisme » : l’activisme qui éclabousse.
La fin justifie-t-elle leurs moyens ? Qui peut dire. Mais aux choqués, on répondra plusieurs choses. D’abord, que l’idée de s’en prendre aux œuvres d’art pour faire avancer ses combats n’est pas née du dernier jet de soupe. Ensuite, que la vaste majorité des combats de société ont avancé grâce aux actions d’un flanc radical. Enfin que, contrairement à notre patrimoine artistique, le patrimoine naturel est quotidiennement saccagé dans l’indifférence générale.
Alors, l'art ou la vie ?