
Une rentrée où la sobriété est discutée et la fin de l'abondance annoncée n’est pas une rentrée comme les autres. Sortez les mouchoirs en tissus, Bruno Le Maire reconnaît dans un post LinkedIn écrit d’une seule main – l’autre bien cramponnée sur le cœur – qu’il y a urgence à changer nos comportements, c’est dire. Que se passe-t-il ? Où est passée la rhétorique sur les amish, les Khmers verts, l’écologie punitive et la dictature verte ? Avez-vous pensé à nous, à Climax ? Que va-t-on devenir si le gouvernement se met à parler de pénurie et de remise en cause de notre mode de vie ? Rassurez-vous, on devrait avoir encore beaucoup de boulot pour cette nouvelle saison. Parce que n’en déplaise à votre interlocuteur·trice de fort bonne humeur, ça ne « bouge » pas tant que ça…
Premièrement, une bascule sémantique s'opère doucement mais sûrement et ce phénomène s’avère tout aussi dangereux que l’inaction. Tout le monde est écolo, oh ! Cela avait commencé avec le discours d’Emmanuel Macron à Marseille. Souvenez-vous le président-candidat disait alors : « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas ». Sauf que depuis sa réélection, c’est business as usual dans les mesures : la baisse du prix du carburant, un décret qui sonne la fin des aires marines protégées, la réouverture de deux centrales à charbon, l’officialisation de l’installation d’un terminal méthanier flottant au Havre afin de faciliter l’importation de gaz de schiste, la remise en cause de la nouvelle stratégie de la Politique Agricole Commune… Vous allez nous rétorquer que les gouvernements ont toujours négligé leurs promesses. C’est exact, mais lequel a autant été en contradiction entre ses annonces et ses actes, sur un sujet aussi important que l’habitabilité de la Terre ? On pose la question.
Deuxièmement, parce que les rêveurs sont de sortie. Et pas ceux auxquels vous pensez. Les doux rêveurs d'aujourd'hui, ce sont celles et ceux qui persistent à voir dans la croissance verte, la technologie et le progrès notre salut. Ils et elles vont, pour ce faire, inventer des argumentaires aussi scientifiquement juste qu’un discours de Trump. Comment prendre au sérieux les promesses de la géo-ingénierie, de l’avion zéro carbone, d'une Coupe du monde propre, des parasols solaires, de la voiture à hydrogène…? Quelle perte de temps surtout ! Les écolos, quant à eux, sont du côté de la raison : ils savent que le plus important est de réduire rapidement la cadence, et s’adapter au climat changeant. L’utopie a définitivement changé de camp.
Enfin, ce n’est pas parce qu’on parle de l’écologie que la situation va s’améliorer. Les feux de forêts, la fermeture de la moitié des centrales nucléaires en France, la sécheresse, l’arrêt du gazoduc Nord Stream 2, les records de température, les 11 000 morts supplémentaires dus aux canicules successives de cet été, les inondations au Pakistan et on en passe et des pires obligent à la réaction. Et il est sûr que l’écologie sera au cœur de toutes les discussions jusqu’à cet hiver. Est-ce une bonne nouvelle ? Oui, car les enjeux seront enfin à l’ordre du jour. Non, car le manque de connaissance scientifique sur l’état de la planète, notamment de certains journalistes, est criant, et le flou sur les actions à entreprendre font que le résultat peut être contreproductif. Prenons un exemple : suite aux déclarations de Macron sur l’abondance, la première des choses à faire aurait été de questionner ce concept : qui en jouit ? Comment se matérialise-t-elle ? Et, peut-être, remettre en cause sa vision de la fin de l’abondance, synonyme, pour lui, d'austérité. Bien évidemment que personne ne veut de ce genre de décroissance, donc faisons tout pour continuer à consommer !
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