top of page

« La Terre a déjà connu des périodes de réchauffement. »



À force de vouloir répondre au grand n’importe quoi de l’actualité écologique — la fin de l’abondance, la Coupe du Monde, etc. — on en aurait presque oublié le plus important : le réchauffement climatique. Back to basics (expression ringarde depuis le début du siècle mais toujours très utilisée) cette semaine avec pour objectif, vous le verrez, de dégommer tous les doutes possibles.

Avant toute chose, la posture. Généralement, face à un individu qui rétorque que de toute manière « le climat, c’est un cycle », on a tendance à acquiescer, en essayant de démontrer que oui, mais cette fois-ci c’est différent parce que… Ensuite, on rame… Alors non, changement de stratégie ! Dès le départ, avec les yeux bien fixés dans les siens, vous lancez « non, ça n’est jamais arrivé. ». Confiance, assurance, prestance.

Lancez le premier argument choc ! Au large d’Hawaï, au sommet du Volcan Mauna Loa, une équipe internationale de scientifiques calcule depuis 60 ans le taux de concentration de CO2 dans l'atmosphère, les « ppm » pour les intimes. Et ce taux, depuis le début des mesures, grimpe dangereusement. En cause, bien sûr, l'activité industrielle humaine et plus particulièrement l’extraction des énergies fossiles. Vous allez nous dire : quel est le rapport entre les ppm et notre sujet ? Si le climat déraille - pics de chaleur, sécheresse, acidification des océans ou encore fonte des glaces, c'est à cause du trop-plein de CO2 dans l’atmosphère. Le 3 avril 2021, ce taux de concentration a même dépassé les 420 ppm, du jamais vu depuis… quinze millions d’années ! En clair, une situation totalement inédite pour l’espèce humaine — n’hésitez pas à le répéter en articulant bien « i-né-di-te ». Et plus ce taux augmentera — ce qui s’annonce —, plus le climat se réchauffera, se déréglera et plus l’incertitude grandira. Normalement, à ce moment-là, le débat est clos, d’autant plus qu’il y a quinze millions d'années, il valait mieux éviter la planète Terre. Mais si votre interlocuteur·trice ose vous répondre qu’il y a déjà eu une période de réchauffement au Moyen-Âge, c’est 1) qu’il s’agit d’un apprenti climatologue du dimanche et 2) qu’il aime à aller se rassurer sur Internet. Là encore, faites preuve d’une intransigeance totale : « non, c’est faux ». Même si les températures ont effectivement augmenté au début du précédent millénaire, le GIEC a clos le débat dans son rapport de 2001 : « les faits actuels ne permettent pas d’affirmer qu’il y a eu des périodes synchrones de refroidissement ou de réchauffement anormal sur la période considérée (Moyen-Âge) ». Et, sentant sûrement que cet argument devait être contré, le groupe d’experts a enfoncé le clou dans son rapport de 2014 en écrivant qu’au mieux, il s’agit d’une augmentation de quelques dixièmes de degré au-dessus de la moyenne. À l'inverse, les prédictions les plus optimistes tablent sur une augmentation de 2,7 °C d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. Légèrement plus qu’au Moyen-Âge, n’est-ce pas ? Il aura ainsi fallu à peine 300 ans aux Occidentaux — et pas les autres, disons-le franchement — pour transformer la Terre, alors qu’un changement géologique s’observe normalement sur des milliers d’années. Pour rappel, nous sommes toujours officiellement dans l’Holocène, qui court depuis… 11 000 ans environ. Allez, bonne semaine, il va faire 28 °C dans le Sud-Ouest début octobre, mais c’est pas grave, c'est sûrement déjà arrivé en 1538…

bottom of page