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« La voiture électrique, c’est l’avenir ! »


Le climat est devenu un sujet majeur pour vous (euphémisme !) et votre famille, vos amis et vos collègues vous ont élevé·e au rang de porte-parole du vélo et de la courgette bio. Cette situation vous oblige à dégainer moult arguments pour faire comprendre l’urgence et convaincre des actions drastiques à mener pour s’en sortir. Climax veut vous soutenir. Courage, vous n’êtes pas seul·e. Cette semaine : « la voiture électrique, c'est l'avenir ! ».

On triche un peu sur l’argument bidon de la semaine, reconnaissons-le. Pas grand monde, à part les constructeurs automobiles et Emmanuel Macron, ne défend réellement cette voiture électrique – le fiasco du Mondial de l’auto en témoigne. Il faut dire qu’elle ne fait pas (plus ?) rêver. Pour polluer moins qu’une voiture thermique, elle doit être 1) légère, 2) utilisée hors des villes, 3) uniquement pour des trajets essentiels comme le domicile-travail ; 4) rouler à l'électricité décarbonée, et 5) que ses batteries soient recyclables. Tout à fait la voie prise par les gouvernements et les constructeurs… On rigole bien sûr !

Pourtant, les débats sur le futur de la mobilité ronronnent encore en première vitesse, avec des va-et-vient sans fin autour de la sacro-sainte voiture électrique. L’avenir est pourtant ailleurs et bonne nouvelle : cette semaine, on va vous aider à passer la seconde. Pour ce faire, n’hésitez pas à prendre de grands airs auprès de votre oncle, heureux propriétaire d’un tout nouveau SUV « hybride rechargeable » : « N’est-il pas temps de questionner l’idée même de la voiture individuelle ? » Une question hors-sol de citadin·e·s ? Pas vraiment. Résumons : la voiture électrique n’est pas la solution (voir plus haut) et les voitures thermiques vont être interdites à la vente en Europe en 2035. Un beau cul-de-sac donc.

Et c’est le moment de montrer que vous n’êtes pas qu’un·e doux·ce rêveur·euse. L’heure est à la remise en cause d’un modèle de société où la voiture n’est pas une conséquence mais l’origine des problèmes de concentration de CO2 et de biodiversité. « – Rien que ça ? – Rien que ça ! » Éloignement dans des périphéries de périphéries, modèle agricole intensif pour hypermarchés, villes asphyxiées, responsabilité de 15 % des émissions de CO2 en France, disparition des enfants des rues, mort de millions d’insectes, d’oiseaux ou d’amphibiens, artificialisation des sols… Et vous en avez sûrement d’autres… On continue ? Son succès n’est basé que sur l’imaginaire qui l’accompagne. Le plus communément énoncé : « la voiture, c’est la liberté ». Première nouvelle. Elle crée une dépendance folle, on y passe un temps de dingue, elle coûte plusieurs milliers d’euros par an à ses propriétaires et à la collectivité, empiète sur les piétons, les vélos, etc. En 1975, André Gorz écrivait dans un article éblouissant de justesse : « La vérité, c’est que personne n’a vraiment le choix : on n’est pas libre d’avoir une bagnole ou non parce que l’univers suburbain est agencé en fonction d’elle – et même, de plus en plus, l’univers urbain ». On a vu mieux comme symbole d’émancipation.

« Et ceux qui n’ont pas le choix ? » Question récurrente et pourtant si simple à contrer. Sur la période 2008-2019, 41 % des trajets en voiture font moins de 5 km (15 % sont inférieurs à 2 km et 26 % font entre 2 et 5 km). 62 % des trajets sont inférieurs à 10 km. Et n’oubliez pas : plus on est riche, plus on roule ! 17 000 km par an en moyenne en voiture pour les 10 % les plus riches contre 6 700 km pour les 10 % les moins riches. La voiture électrique, de par son prix, les incertitudes autour de l’approvisionnement en lithium pour les batteries et la hausse du prix de l’énergie, ne profitera qu’à certains – les plus riches. Et si les villes, les zones périurbaines et les campagnes ne revoient pas leurs infrastructures de transport et leur agencement rapidement, les plus précaires seront encore plus contraints dans leurs déplacements. Alors, on creuse ce sujet plutôt que de s’émerveiller devant les chiffres de vente des véhicules électriques ?

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