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« On s’est toujours adapté ! ».



Ah l’été… Ce moment attendu toute l’année : plage de sable fin, tartines de crème solaire, orteils en éventail… Mais cette année, la saison préférée des Français.e.s a été brûlante et mouvementée, rythmée par des vagues de chaleur écrasantes, voire meurtrières. Et si le paradis estival se transformait en cauchemar ? Et bien même ça, passe au-dessus de certains chapeaux de paille ! Mais alors que répondre à celles et ceux qui imaginent que quelques degrés de plus, ce sont des clopinettes ? Ou pire : qui pensent que leur vie n’en sera que meilleure, pieds dans l’eau toute l’année et nouveaux business challenge à la clé ?

Allons-y crescendo : on inspire, on expire, on inspire… c’est parti ! « On s’est toujours adapté ! ». Voici l’argument, très répandu sur les émissions d’opinion, dont la valeur scientifique n’excède pas celle d’une blague Carambar. Trois éléments de réponse à lui opposer : 1. l’humanité a failli disparaître lors des périodes glaciaires, il y a moins de 200 000 ans ; 2. des catastrophes naturelles ont vu des milliers de personnes périr, des millions être délogées, comme lors de l’éruption du volcan indonésien Tambora, en 1815 ; et 3. l’argument majeur : l’action humaine a engendré un réchauffement inédit, car ultra-rapide, dans l’Histoire de la planète Terre, que même les scientifiques sont paumés. Résultat : nous sommes entré·e·s dans une période d’incertitude. S’adapter, quand on ne sait pas précisément ce que sera le climat d’ici 10 ans : sacré challenge, non ?


Montons d’un cran : « Il fera plus chaud et tant mieux ! ». Ou comment rêver d’un cocktail en terrasse au milieu du mois de janvier. Mais qu’on se le dise une bonne fois pour toutes : la météo et le climat, ce n’est pas la même chose. Plus que de réchauffement climatique, c'est de « dérèglement » climatique dont il faudrait parler. En 2021 : 49,8°C au Canada, des inondations inédites en Belgique et en Allemagne, une sécheresse hivernale dans le sud-est de la France, des glaciers qui se font la malle en Italie… Ces événements climatiques inédits et dramatiques sont le résultat du réchauffement global de la planète de seulement 1,2°C depuis l’ère pré-industrielle. Le scénario optimiste tablant sur 2,7°C d’ici à 2100, pas sûr que les baignades dans l’océan Atlantique du mois de février feront encore sourire.


Et maintenant, que répondre aux plus cyniques de vos interlocuteurs·trices ? Chaque année, l’ONG CDP (ex-Carbon Disclosure Project) attribue des notes aux plus grandes entreprises en matière d’efforts climatiques. Elle s’est également « amusée » à leur demander d’identifier les opportunités offertes par le dérèglement climatique. Et les réponses déroutantes ne manquent pas : ainsi pour Vinci, Apple, Eiffage, Google, et même TF1, les catastrophes naturelles sont une bonne nouvelle pour le business ! La résilience du capitalisme mesdames et messieurs ! Sauf que ces dirigeant·e·s se bercent d’illusions. Et il s’agit sûrement là du plus important message à faire passer : le réchauffement climatique et la disparition de la biodiversité ne sont compatibles avec aucun business plan. Pourquoi ? Parce que nous dépassons les limites planétaires, tuons la biodiversité, nous détraquons le cycle de l’eau, appauvrissons les sols et bien sûr, nous explosons la concentration de carbone dans l’atmosphère. Quelles en seront les conséquences ? Aucun scientifique ne le sait précisément, mais privés de ressources et d’un climat stable, pas sûrs qu’on aille bien loin…


Donc, le business as usual – croissance verte en tête – n’est que le doux rêve d’une minorité, disons-le, égoïste. Si avec tout ça, vous réussissez à nouer de nouvelles amitiés, s’il vous plaît, faites tourner leurs 06.



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